À partir de la réappropriation et de la création de mots-clics, nous souhaitons faire émerger une parole. Dans un mouvement d’élans et de relais, nous croyons qu’une écologie des douleurs vécues au féminin peut se développer, brisant le silence, l’isolement et l’immobilité des femmes qui souffrent.
Je ne cherche pas à maintenir une certaine cohésion dans mes pensées, plusieurs heures de souffrances physiques ont complètement démembré le cours régulier et ordonné de certaines de mes réflexions.
Migraine
Pose tes doigts juste ici. Tourne dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Et dans ma tête qui s’enfonce, s’alourdit et se libère en même temps. L’envie de lui laisser ma tête; de la laisser là dans cet espace d’air qu’il ouvre avec ses doigts, ce lieu qui respire enfin.
Les os du crâne, broyés. Je perds le contrôle de ma respiration. Je ne dors plus. J'ai peur de dormir. En lambeaux. Détresse. C'est dur de porter un masque. Et les bouteilles d'oxygène sont lourdes. Le regard des autres. On surveille l'horloge. On guette la moindre accalmie. Une nouvelle salve. Il n'y a plus de pensée. Je lui serrais la main si fort. Ça dépasse tout. Je ne vois plus le monde autour. La mort. La veine qui enfle. À fleur de peau. Je ne pense plus qu'à ça. À la fin de la crise. On devient animal. Je gémis. Pleure sans même le vouloir. C'est mon corps qui pleure. On cherche la bonne position. Il n'y a pas de bonne position. À la fin, on est épuisé. Comme après une journée de travail intense. On ne peut pas s'empêcher d'imaginer la prochaine fois. Comme une vague qui va vous emporter.
Deux heures après la crise, personne ne peut soupçonner ce que j’ai vécu. C’est un calvaire invisible. Encore plus difficile à vivre. Les regards soupçonneux. Les suspicions de mensonge, d’exagération, de tricherie. Un ennemi qui ne laisse pas de traces de son passage. Mais qui dévore. Lentement. Il prend son temps. Je l’ai appelé le Vampire. Après tout, il attaque souvent la nuit. Et nous entretenons des rapports ambivalents. Ou bien quelqu’un qui enfoncerait un crayon dans votre œil et essaierait de former des figures. Chaque fois une nouvelle. À moins qu’il ne s’agisse d’un vaste projet général, cosmogonique. Parfois, je m’interroge sur ce dessin. J’essaie d’en percer le tracé. Peut-être, si je comprenais ce qui est dessiné, les crises ne reviendraient plus
crip non haiku
He said you didn’t seem like yourself that day
I said this is my self
crunching my forehead to stay in the palace of words
Lamaze breathing through pain strikes
asking for a Vicodin with a shaking hand
Prisonnière de ma propre cage.bien aménagée.Inlocalisable