Le colloque « Douleurs rebelles » émerge d’un désir de problématiser et de repenser les espaces et les temporalités à l’intérieur desquels les femmes et les personnes non-binaires en situation de douleurs chroniques et/ou de handicap réfléchissent, écrivent, créent ou recherchent. Notre projet en ligne «Femmes et douleurs/Women of pain» a permis de mettre en lumière, par le biais de nombreux témoignages, la difficulté qu’éprouvent ces personnes à se faire entendre et prendre au sérieux. Le plus souvent, leur parole est ridiculisée, ou alors, à l’inverse, on la croit menaçante pour le statu quo. Les femmes et personnes non-binaires qui osent s’exprimer sont vite jugées nuisibles: des feminist killjoy, pour le dire avec Sara Ahmed. C’est ainsi qu’elles deviennent des rebelles, à l’image de leurs douleurs qui surgissent de façon sporadique, pour parfois perdurer. Car devant leur exclusion ou leur effacement, ces personnes sont appelées à n’accepter aucun compromis, à créer des solidarités, à contourner les exigences de leur milieu (artistique, académique) pour catalyser des changements. Et ce, au risque de s’épuiser davantage.
Si le sujet des douleurs chroniques est de plus en plus médiatisé – notamment par les témoignages de personnalités publiques comme Lady Gaga, Serena Williams et Lena Dunham, ou par la multiplication de projets sur les réseaux sociaux – il en va autrement dans les domaines artistiques, littéraires et universitaires. C’est pourquoi nous souhaitons encourager des écrivain·es, des artistes et des chercheur·ses vivant avec des douleurs chroniques et/ou en situation de handicap à prendre corps et voix, entouré·es d’autres femmes et personnes non-binaires, afin que puisse naître des réflexions sur le devenir-douloureux, au sein même d’institutions qui, alors même qu’elles tiennent un discours d’inclusion, de diversité et d’ouverture, tendent à nous invisibiliser et à augmenter notre précarité (financière, sociale, d’emploi, etc.).
Nous lançons une invitation à poser les questions suivantes: comment penser, créer et écrire avec la douleur? Quels environnements pour nos corps endoloris et/ou en situation de handicap? Comment articuler les enjeux de classe, de race, de genre aux états du corps? Que peuvent les douleurs et autres limites physiques dans la réorganisation du temps et de l’espace? Quels types de savoir sont ainsi produits? Si les femmes et les personnes non-binaires n’avaient pas à lever la main ou la voix pour rappeler qu’elles ont mal et qu’alors les choses ne peuvent pas se passer comme à l’habitude, quels projets pourraient-elles réaliser? Comment sont-elles constamment détournées de leur trajectoire (de pensée, de création, de vie)? Quels projets pourraient-elles entreprendre si les calendriers de production prenaient en compte la complexité de leur existence? Et si nous étions davantage sensibles aux manières dont leur corps se met parfois au travers de leur chemin, les forçant à tout interrompre? Quelles histoires ont-elles à raconter?
À la recherche, comme à la création, de réponses à ces questions, «Douleurs rebelles» espère être un lieu où déposer et saisir les injustices que nous rencontrons au quotidien, afin de susciter des rencontres fertiles en résistances: une halte d’où nous repartirons armé·es d’un sentiment de communauté, dans l’espoir de transposer, dans nos milieux respectifs, ce qui aura résonné en chacun·e de nous, une fois nos réflexions, nos hésitations et nos imaginations mises en commun.Nous vous invitons à consulter la version longue pour plus de détails, grâce au lien suivant:
https://docs.google.com/.../17JayIz.../edit... .
Ce colloque est organisé dans le cadre du projet «Douleurs rebelles» mené par Martine Delvaux (chercheuse principale) et Anne Martine Parent (co-chercheuse).
Avec la collaboration de Jennifer Bélanger, Maxime Fecteau, Julie Gauthier, Audrey Grandchamp et Catherine Mercier.
Date de tombée de l'appel : mercredi 31 août 2022 (23h59)
Nombre de mots : 250 (environ)
Veuillez soumettre votre proposition à l'adresse suivante : amparent@uqac.ca
À noter que le colloque aura lieu le 2 décembre, à l'UQAM.