Qu’on s’identifie comme femme ou qu’on soit perçu·e comme telle par un système médical normatif, qu’on ait une identité de genre qui déborde du modèle binaire, qu’on soit au confluent d’autres systèmes d’oppression, les soins et l’écoute reçus sont souvent inadaptés, absents voir maltraitants. Notre vécu en témoigne, comme nombre d’études sur le sujet.
Les os du crâne, broyés. Je perds le contrôle de ma respiration. Je ne dors plus. J'ai peur de dormir. En lambeaux. Détresse. C'est dur de porter un masque. Et les bouteilles d'oxygène sont lourdes. Le regard des autres. On surveille l'horloge. On guette la moindre accalmie. Une nouvelle salve. Il n'y a plus de pensée. Je lui serrais la main si fort. Ça dépasse tout. Je ne vois plus le monde autour. La mort. La veine qui enfle. À fleur de peau. Je ne pense plus qu'à ça. À la fin de la crise. On devient animal. Je gémis. Pleure sans même le vouloir. C'est mon corps qui pleure. On cherche la bonne position. Il n'y a pas de bonne position. À la fin, on est épuisé. Comme après une journée de travail intense. On ne peut pas s'empêcher d'imaginer la prochaine fois. Comme une vague qui va vous emporter.
Nous souhaitons vous lire sur ces expériences douloureuses lorsque la souffrance est niée, rejetée, laissée dans le silence par une autorité qui devrait être en mesure de l’apaiser ou jugée par les proches qui ne comprennent pas toujours cette réalité. Et ce, que vous soyez la personne concernée ou la personne qui accompagne celle-ci, qui reste à ses côtés dans ce tourbillon.